ENQUETE ARCHEOLOGIQUE A SMOUHA (ALEXANDRIE, EGYPTE)

ENQUETE ARCHEOLOGIQUE A SMOUHA (ALEXANDRIE, EGYPTE)

Recherches sur l’origine de fragments de statues
colossales trouvées au XIX siècle

Conférence donnée par Marie-Cécile Bruwier,
Professeure à l’Institut supérieur d’Archéologie et d’Histoire de l’art
de Bruxelles, ex-conservatrice du Musée Royal de Mariemont

Le mercredi 7 juillet 2021 à 18.30

Société littéraire, Place Simon Goulart 4, 1201 Genève

Réservée aux membres ACES 2021- La conférence sera suivie d’un
dîner au restaurant de la Mère Royaume

 


Buste colossal d’une reine ptolémaïque en Isis
Photo & copyright: Musée royal de Mariemont (Belgique)

Lors d’un séjour en Égypte (décembre 1911 – janvier 1912), l’industriel belge Raoul Warocqué (1870-1917) achète à Albert Daninos (1843-1925) le buste, vestige d’une figure féminine appartenant à une stèle colossale en granite provenant d’un faubourg d’Alexandrie (Hadra, aujourd’hui Smouha). À cette pièce, exhumée en 1892, A. Daninos joint deux mains l’une dans l’autre, également en granite. Il assure que les pièces appartiennent à une dyade colossale représentant Cléopâtre VII et Marc Antoine se tenant par la main. Le même site a livré les fragments de la tête et de la jambe gauche d’un colosse masculin. Après avoir été sortis de leur contexte, ce qui reste de la figure masculine a été transféré au Musée gréco-romain d’Alexandrie avant 1903 ; le buste colossal féminin et les mains sont envoyés en Belgique, au château de Mariemont en 1912 et font partie des collections du Musée royal de Mariemont. Lors de la découverte, plusieurs spécialistes estiment que les statues, figurant Antoine et Cléopâtre VII assimilés à Osiris et à Isis, étaient érigées à l’entrée du temple de Déméter et de Proserpine dans l’Éleusis d’Alexandrie évoquée par les auteurs anciens.

Cette interprétation fait l’objet de la première partie de la conférence. Y sont soulevées les énigmes posées par les quatre fragments : appartenaient-ils à deux figures distinctes ou à une dyade colossale monolithe ? Les mains font-elles partie du même ensemble ? Y avait-il d’autres figures colossales ptolémaïques dans un périmètre proche ? L’identification au couple si médiatisé depuis l’Antiquité est-elle envisageable ? Le monument auquel ils appartiennent initialement était-il un sanctuaire dédié à Déméter et Proserpine ou plutôt un lageion, célébrant la dynastie ptolémaïque ? Le site faisait-il partie de l’Éleusis d’Alexandrie ?

Nommé Hadra au XIXe siècle, ensuite Smouha au XXe siècle, le secteur où gisaient les fragments se trouve actuellement dans l’arrondissement de Sîdi Gabîr. À l’époque romaine, une importante nécropole s’y est développée. Le monument et les colosses ont servi de carrière de pierres dès l’Antiquité comme en témoignent les traces de débitage sur les fragments de statues conservées à Mariemont et à Alexandrie. L’endroit est resté à l’abandon pendant des siècles jusqu’à l’extraction du buste féminin, de la tête masculine, de la jambe gauche masculine et des deux mains. Dans les années 1920, lors de la programmation de nouvelles extensions de la ville d’Alexandrie, Joseph Smouha (1878-1961) entreprend d’assainir le lac de Hadra, connu alors sous le nom de « saline de Hadra ». Le site antique disparaît et est progressivement oublié.

Les diverses questions posées par les fragments ont nécessité une enquête archéologique sur le terrain, développée dans la deuxième partie de la conférence. Le site potentiel à fouiller a été identifié avec la collaboration du Centre d’Études Alexandrines. En novembre 2004, la première investigation sur le terrain, constitué par une prospection électromagnétique et une prospection géo-radar, a mis en évidence des anomalies positives dans trois terrains contigus. En 2008, des carottages dans ces trois terrains ont permis d’évaluer leurs potentialités archéologiques. Entre 2008 et 2012, une recherche archéologique systématique a été entreprise sur six terrains contigus par le Musée royal de Mariemont (Ministère de la Communauté française de Belgique, aujourd’hui Fédération Wallonie-Bruxelles avec l’aide du Cercle royal des Amis de Mariemont). Elles ont été réalisées par le Centre d’Études alexandrines avec le soutien et le contrôle du Conseil Suprême des Antiquités de l’Égypte (aujourd’hui Ministère des Antiquités). Plusieurs éléments majeurs ont été mis au jour : de nombreuses colonnes fragmentaires disposées dans deux alignements, de multiples vestiges de l’époque romaine témoignant de la présence d’un monument important dans l’Antiquité mais aussi des époques ultérieures.

Grâce et avec la contribution majeure des archives de Richard Smouha, petit-fils de Joseph, une première étude de la création de la Cité Smouha a été publiée en 2014.

Smouha: six terrains qui ont fait l’objet d’une prospection archéologique

Tête colossale masculine au Musée gréco-romain d’Alexandrie, Photo: M.-C. Bruwier
L’oeuvre a été déposée à Kom el Chougafa en attendant la rénovation du Musée gréco-romain

 

Smouha (Alexandrie) au XXIe siècle

 

Biographie

Directrice honoraire du Musée royal de Mariemont (Belgique)
Professeur à l’Institut supérieur d’Archéologie et d’Histoire de l’art de Bruxelles
Membre de l’Académie royale d’archéologie de Belgique

 

Titres

  • Doctorat en Philosophie et Lettres. Histoire de l’Art et Archéologie ; égyptologie (Université Catholique de Louvain) (1991)
  • Licence en Philologie et Histoire orientales ; spécialité égyptologie (UCL) (1977)
  • Licence en Philosophie et Lettres. Histoire de l’Art et Archéologie ; spécialité : égyptologie (UCL) (1975)
  • Agrégation de l’Enseignement Secondaire Supérieur Arts plastiques (UCL) (1975)

 

Activités

Musée royal de Mariemont, Établissement scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique)

  • Directrice i. d’octobre 2010 à mars 2018 ; Directrice scientifique de 2002 à mars 2018

Université Catholique de Louvain (UCL) (Belgique)

Chargé de cours invité de 1998 à 2018 :

Muséologie, introduction à la conservation du patrimoine (conservation et muséologie), questions d’archéologie et d’histoire de l’art de l’Égypte pharaonique

Université de Liège (Belgique)

Chargé de cours invité de 2007 à 2010
Muséologie (musées archéologiques)

 

Autres

  • Faculté ouverte des Religions et des Humanismes laïques (de 1997 à 2009)
  • Cours de religion égyptienne dans le cadre d’une maîtrise en histoire des religions (20 h)
  • l’Institut Supérieur d’Histoire de l’art et d’archéologie de Bruxelles (de 1993 à 2008 et de 2017 jusqu’à aujourd’hui)
  • Cours d’histoire de l’art égyptien

 

École du Louvre (Paris)

Chargé de cours de 2018 à 2020
Méthodologie de la muséologie

Membre d’associations

  • Association internationale des égyptologues
  • International Council of Museums
  • Association francophone des Musées de Belgique
  • CIPEG (Comité international de l’égyptologie dépendant de l’ICOM)
  • Groupe de contact interuniversitaire belge concernant l’égyptologie (Fonds National de la Recherche Scientifique)
  • Association Égyptologique Reine Élisabeth (Bruxelles)
  • Association for the Study of Travellers in Egypt and the Near East (Cambridge)
  • Association internationale de coptologie
  • Académie royale d’Archéologie de Belgique
  • Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut
  • Société des Bibliophiles du Hainaut
  • Association des Archéologues et historiens d’art de l’Université Catholique de Louvain

Fouilles archéologiques

Alexandrie, Smouha : Recherche du monument devant lequel se trouvaient les fragments d’une statue colossale (B 505) conservés au Musée royal de Mariemont (De 2008 à 2012)

« Recherches archéologiques à Smouha, Alexandrie », in J.-Y. Empereur, Alexandrina 4 en l’honneur de Mervat Seif el-Din (Études Alexandrines, 32, 2014), p. 21-33

 

Principales publications 2016-2020

 

2020

  • « Conservation du patrimoine et musées en Égypte du 19e siècle à nos jours », in Chr. Cannuyer, M. Michel (éd.), Archiver, conserver et collectionner en Orient – Alexandre Tourovets (1953-2019) in memoriam : Acta Orientalia Belgica, XXXIII, 2020, p. 243-270.
  • Sous presse : « La quête d’Isis de Raoul Warocqué – Entre science, éducation et philosophie maçonnique », in Cahiers de Mariemont, 41, 2020.
  • Sous presse : M.-C. Bruwier, R. Mostafa N. Gauthier, éd. scient., « Catalogue des collections d’antiquités égyptiennes (époque pharaonique) du Musée de l’Université d’Alexandrie»
    Musée royal de Mariemont en collaboration avec la Faculté des Arts de l’Université d’Alexandrie et le Centre d’Études alexandrines

 

2019

  • M.-C. Bruwier, Fl. Doyen, éd., « Heliopolis – La Ville du Soleil» : catalogue d’exposition : Villa Empain/Fondation Boghossian, 27 mars-18 août 2019
  • avec Bertrand Federinov et Nicolas Amoroso
    « Cahiers de Mariemont » consacrés à « Smouha (Alexandrie), une fouille du Musée royal de Mariemont »
  • M.-C. Bruwier & T. Mekis, « Diversity of the Akhmimic funerary art in the 4th -3rd centuries BC, a Case Study on a Priestly Family, and a Study on Canopic Chests of Akhmim in the Graeco-Roman Period – A Survey in Antiquity Collections », in M. Mosher Jr. (éd.), The Book of the Dead, Saite through Ptolemaic Periods. Essays on Books of the Dead and Related Topics, 2019, p. 3-122.

 

2018

  • « Nouvelles recherches sur une traversée du Sinaï en 1486 – Le pèlerinage en Orient de Georges Lengherand, mayeur de Mons » in Les Combats dans les mythes et littératures de l’Orient & Miscellanea Orientalia et Iranica Belgo-polonica Wojciech SKALMOWSKI in memoriam = Chr. Cannuyer (éd.), D. De Smet, R. Lebrun, Acta Orientalia Belgica, XXXI, 2018, p. 9-20.
  • « Entre la Belgique et l’Égypte… un tissu de fructueuses relations » in « Je voudrais être Vice-Roi d’Égypte ». Le journal de voyage de Léopold, duc de Brabant 1862-63, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 2018, p. 12-23.

 

2017

  • « La Bibliothèque du Mouseion d’Alexandrie : collection et conservation du savoir universel », in N. Amoroso, M. Cavalieri, N. L. J. Meunier (dir.), Locum armarium librosLivres et bibliothèques dans l’Antiquité (Collection Fervet Opus, 2), 2017, p. 127-147.
  • « La reine Taousert à la lumière de son iconographie », in Chronique d’Égypte, XCII, fasc. 183, 2017, p. 37-72.

 

2016 

  • « Sur les traces de l’Éleusis d’Alexandrie » in Dossiers de l’archéologie, n° 374, Mars/Avril 2016, p. 38-39.
  • « Thot aux multiples facettes » in A. Quertinmont (dir.), Dieux, génies et démons en Égypte ancienne, Paris-Morlanwelz, 2016, p. 147-155 ; « statue de Bès « nourricier » », « Amulette », « Fragment de relief », « Statue de Ouadjet », « Quatre vases canopes », « Statue-cube de Ramose », Ibidem, p. 84, p. 113, p. 178, p. 196, p. 338, p. 356.
  • avec A. Marchandisse et G. Docquier, « En tous quartiers ou j’ay esté. Le récit de pèlerinage de Georges Lengherand, mayeur de Mons (1486-1487) : une esquisse, in A. Marchandisse, G. Docquier (dir.), Pays bourguignons et Orient : diplomatie, conflits, pèlerinages, échanges (XIVe-XVIe siècles) : Rencontres de Mariemont-Bruxelles (24-27 septembre 2015) in Publication du Centre européen d’études bourguignonnes (XIVe-XVIe s.), n° 56, 2016, p. 191-211 (en particulier, p. 204-211).
  • avec N. Amoroso, M. Cavalieri, « Alessandria: un tempio per Cleopatra », in Archeologia Viva, 181, gennaio/febbraio 2017, p. 32-39.
  • Compte-rendu : Bednarski A. (Translated and ed.), The Lost Manuscript of Frédéric Cailliaud. Arts and Crafts of the Ancient Egyptians, Nubians, and Ethiopians. The American University in Cairo Press, Le Caire, 2014, in Bibliotheca Orientalis, 2016, 1-2, col. 62-64.

 

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