La découverte récente de plusieurs sites archéologiques sur différents points du littoral de la mer Rouge permet maintenant d’entrevoir le rôle important joué par cette côte à l’époque pharaonique.
Pour se procurer les matières premières dont il avait besoin, l’État égyptien envoyait en effet à intervalles réguliers des expéditions vers des régions éloignées de la vallée du Nil. Deux de ces destinations pouvaient être atteintes par voie maritime : le sud de la péninsule du Sinaï, où des mines de cuivre et de turquoise étaient exploitées, et l’énigmatique pays de Pount, traditionnel pourvoyeur de l’Égypte en myrrhe et en produits exotiques. Ce dernier objectif, que certaines études identifient maintenant au Bab el-Mandab, aux confins méridionaux de la mer Rouge, nécessitait sans doute un voyage périlleux de plusieurs semaines. Le point d’ancrage le plus anciennement identifié de ces expéditions maritimes se trouve à Mersa Gaouasis.
À cet endroit, des fouilles menées dans les années 1970, et reprises récemment en 2001 ont permis de montrer l’existence d’un point d’embarquement essentiellement à destination du pays de Pount. Ces dernières années, d’autres sites importants ont été successivement identifiés, qui rendent ce tableau plus complet : à Ain Soukhna, au nord du golfe de Suez, les vestiges de bateaux entiers, qui avaient été démontés puis entreposés dans des galeries de stockage, ont été mis à jour entre 2006 et 2009. Plus récemment encore, une première mission au ouadi el-Jarf – un peu au sud de la ville côtière de Zaafarana, sur le golfe de Suez, a permis en juin 2011 l’identification formelle du plus ancien port construit actuellement connu.
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Conférence suivie du film Quand les Egyptiens naviguaient sur la mer rouge, de Stéphane Bégoin, avec débat animé par Eric Huysecom et Philippe Collombert (membre du Comité exécutif de l’ACES).
Le film de Stéphane Bégoin (2009, 93’) a reçu le Prix « Coup de coeur » du jury au VIIe festival international du film archéologique de Nyon et « Ancre d’or » du 41e festival international du film Maritime d’exploration et d’environnement …
Et si les Égyptiens, au-delà du Nil, avaient été un grand peuple de marins ? Seuls de magnifiques bas-reliefs, à Louxor, ont longtemps étayé cette hypothèse controversée. Ils montrent cinq bateaux qui embarquent pour un mystérieux « pays de Pount » à la demande de la reine-pharaon Hatchepsout.s
Quelque 3 500 ans après son règne, le premier d’une femme dans l’Égypte ancienne, des archéologues, dont l’Américaine Cheryl Ward, découvrent à Mersa Gawasis, près de la mer Rouge, des cordages, des amphores, des morceaux de navire, attestant que le site fut un port. Face au scepticisme de certains confrères, cette spécialiste de la nautique ancienne imagine une preuve scientifique éclatante: construire Min, un navire semblable à ceux de Louxor, et le faire naviguer, soit vers le sud et les côtes africaines, soit vers l’Orient et la péninsule arabique. Le film nous emmène à la rencontre des navigateurs de jadis et de leur souveraine, à travers les étapes successives de la construction de Min, puis les périls enivrants de la navigation. Un fabuleux voyage.[print_gllr id=572]
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